Cet article fait partie d’un dossier sur le Character Design. Si ce n’est pas déjà fait, je vous conseille de lire l’article sur “Le métier de Character Designer” avant d’attaquer cet article.
Il y a quelques semaines, je me re-regardais la Saison 1 de Walking Dead en attendant la saison 8 et y a quelque chose qui m’a choqué en la regardant.
Si vous suivez la série, vous savez que The Walking Dead décrit l’évolution de plusieurs survivants dans un monde récemment infesté de zombies. L’intérêt dans cette série réside dans le fait de suivre l’évolution de plusieurs personnages face à une situation extraordinaire.
Par conséquent, il est normal de voir une évolution du caractère de nos survivants en 7 Saisons. Et c’est là que The Walking Dead a fait fort.
Les personnages ont ÉNORMÉMENT changés en 7 saisons. Et c’est normal que cela se voie physiquement. Comme dit dans le précédent article, un bon character design permet de comprendre de nombreuses choses sur ce personnage, mais aussi sur le contexte de l’œuvre auquel il appartient. Il était donc important de créer un changement progressif visuel au cours des saisons.
Mais d’ailleurs, qu’est-ce qu’un “bon” Character Design ?
Affordant
Le weekend dernier, je re-regardais “La Planète des Singes” de Tim Burton (oui encore lui !) Malgré le fait que la plupart des personnages soient des singes, chaque singe est unique. Tirant soit vers les orang-outan, les gorilles ou les chimpanzés, chaque espèce possède une fonction propre. Personnage royal, militaire ou simple habitant. Brillant ! Minus & Cortex ont beau être tous les deux des rats de laboratoire, il n’empêche qu’il est très facile de devenir qui est le gentil simplet et qui est le cerveau machiavélique.
En clair, par “affordance”, j’entends, est-ce que la “forme” suit la “fonction”. Bip-bip a de grandes jambes pour courir vite, Pacman n’a qu’une bouche, car il ne fait que manger, et Indiana Jones possède bien évidemment une chouette besace et un chapeau pour explorer ses tombeaux.
Un bon Character Design suivra plus ou moins ce schéma en fonction du ton adopté par l’œuvre. Un personnage tiré d’un livre pour enfant sera bien évidemment plus caricatural qu’un personnage de film d’horreur.
Reconnaissable
Il n’y a pas pire que de regarder une longue série puis d’oublier au fur et à mesure qui est qui. Ce problème pourrait être facilement réglé si les personnages étaient plus facilement reconnaissable. Un bon character design est donc un personnage qui se différencie des autres personnages présents dans l’œuvre. Après tout, ce n’est pas pour rien que Bob l’éponge est une éponge… et pas un animal.

Les personnages de Bikini Bottom sont d’ailleurs tous très originaux et différents des productions “classiques” en dessin animé. C’est d’ailleurs, à mon avis, ce qui en a fait -en partie- son succès.
Mémorable
En plus d’être reconnaissable, un character design doit être mémorable.
Nous sommes constamment en relation avec des personnages fictifs : jeu vidéo, série, film. Afin que le spectateur/joueur ne les oublie pas à chaque fois qu’il les recroise, il est important de les faire mémorable. Sans compter que de nos jours, les personnages deviennent des marques.
Il y a quelques mois, je cherchais un jouet “créatif” pour un enfant de 3 ans : feutres, pâte à modeler, petit carnet, qu’importe. J’ai été stupéfaite de me rendre compte qu’il existe très très peu de jouets qui ne sont pas sponsorisés par ces marques. La plupart de ces jouets sont maintenant ornés d’un personnage de dessin animé : Charlotte aux Fraises, Princesses Disney, Barbie… bref. Outre le fait que ces personnages sont genrés au possible, les enfants sont maintenant programmés pour préférer les personnages qu’ils voient bouger à la télé.
Essayez donc au mieux de créer un personnage mémorable : cela peut passer par son choix de couleur, mais aussi par sa forme générale ou sa silhouette.

Décrit son essence
Essence est un bien grand mot. Ce que j’appelle essence serait l’élément qui représente le mieux ce personnage
Il n’est pas rare dans les dessins animés de voir un code classique disant qu’un personnage a petit front est un personnage bête. Et inversement, un personnage considéré comme très intelligent aura un front plus grand. Évidemment, la règle n’est pas obligatoire, mais c’est un phénomène qu’on observe assez facilement dans les dessins animés.

Exploitable
Que vous travaillez sur un projet d’illustration, de BD ou de Jeu Vidéo en 3D, il est important de penser votre personnage en fonction des contraintes liées à ce média. En animation, il faudra penser à designer un personnage animable. Par exemple, saviez-vous que Mickey possède des oreilles constamment représentées de face, qu’importe la position de sa tête ? Pourquoi ? Tout simplement, car c’est plus facile à animer ainsi. C’est d’ailleurs ces fameuses oreilles qui ont fait le succès de ce personnage iconique, dont le logo reconnaissable n’est pourtant composé de seulement 3 ronds.
Fait amusant, lors de la production d’Epic Mickey, un jeu en 3D sur Mickey, les animateurs ont dû se confronter au problème de la représentation des oreilles en 3D. Grâce à l’aide des développeurs, ils ont créé des oreilles qui “tournent” face à la caméra pour toujours être plus ou moins de face :
Si c’est à une production 3D que se destine votre personnage, il peut être bon de penser au maximum votre personnage en volume. Quitte à réaliser un turn. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que beaucoup de Studios de Jeu Vidéo sculptent leurs personnages avant de les modéliser en 3D.

Article très intéressant!